Exploration harmonique du Temps vécu

Salut tout le monde,

Je commence ici une série d’articles dont voici l’introduction et la première partie. Le pdf en chantier est aussi disponible.

Exploration Temps

Introduction

En continuité et résonance avec un des topics du forum, aujourd’hui disparu, je vous propose ici une excursion dans cet aspect du Temps qui se laisse explorer par le langage harmonique ; j’entends par harmonie le mariage des mondes sonores et numériques, le langage des vibrations, des ondes.

Tout cela a quelque chose de fractal : cet article est une invitation à invoquer à nouveau cet objet et concept bien présent dans nos discussions passées, en vue d’un futur article consacré. La fractale a une existence multi-échelle, ce n’est pas un objet borné à une tranche de l’espace comme…disons un tasse, manifestant sa qualité de récipient uniquement à l’échelle (spatiale cette fois) de nos mains et c’est tout. Un objet fractal lui a du sens tant au niveau macroscopique que microscopique, et le pattern est bien souvent récurrent.
C’est dans l’inspiration des objets fractals que s’inscrit cette excursion, à la recherche de patterns harmoniques que l’on va suivre dans différentes sphères du présent, car ici il on ne parlera jamais du passé ou du future mais toujours de leur rencontre en l’instant, tellement différent dans les mondes stellaires, cellulaires ou humains.

Enfin je vais essayer de dépeindre ici le Temps tel qu’on le vit, c’est-à-dire sans présupposition aucune sur sa conception scientifique, puisqu’elle n’est qu’une harmonique (si je puis dire) ayant pour fondamentale notre expérience d’être vivant.
Cependant, cela n’empêche pas de s’appuyer sur le langage scientifique, ou plutôt numérique, auquel on préfèrera le jargon musical tant que possible. Ce dernier sera explicité en annexe.

L’Humain individu

…est celui dont la vie est rythmé par le passage des jours, bien qu’ayant la terrible conscience que la vie individuelle s’étend sur un nombre fini de jours, peut-être 25 ou 30 mille, le vécu lui est éternel : Qui a déjà vécu sa propre naissance ? Personne évidemment, c’est quelque chose de vécu par la famille, l’entourage. Quant a sa propre mort, la symétrie est tentante et vraiment similaire dans ce qu’on appelle « mort naturelle », mais effectivement les suicides, des morts à la Mishima, ou plus fort encore, en martyr, sont des cas limites de par l’intensité ou la puissance de vivre qui a été menée jusqu’aux derniers instants et l’acte continue à vivre d’une certaine manière. Admettons alors que la vie individuelle, bien que bornée une fois projeté sur un temps conceptuel, est éternelle dans le temps vécu.
Le temps prends ainsi sens relativement à une éternité : un jour dans la vie (une petite référence au titre des Beatles), est comparable à un battement de cœur dans une après-midi, ou à la vie d’un individu dans l’histoire du genre Homo. Commençons à tracer les liens harmoniques : le saut d’échelle s’étend ici sur un quinzaine d’octaves (si l’on représentait ces évènements par leur fréquence, c’est-à-dire une note), une étendue qui même sur le plan sonore n’est pas expérimentable.

Revenons au jour, évènement céleste découlant de la danse entre la Terre et le Soleil, et constituant une tonalité et une « hauteur » fondamentale partagé par la majorité des êtres vivants : on parle de rythme circadien, essentiellement en lien avec le cycle lumineux, donnant le tempo de la photosynthèse dans le règne Végétale, et celui de l’activité pour beaucoup d’animaux. Une octave au-dessus, à l’échelle de la première harmonique, un glissement sémantique s’opère et le jour prends le sens de journée, rempli par notre vécu d’animale diurne, et s’opposant naturellement à la nuit. L’alternance jour/nuit a une dynamique interne qui reflète celle d’un cycle plus grand : l’année, et en particulier les saisons qui modèlent l’importance relative de la journée et de la nuit au sein d’un jour, et plus subtilement dilate périodiquement la durée de chaque cycle. L’année et le jour s’interpénètrent donc, bien que n’ayant aucun lien harmonique ; la sous-harmonique du jour que forme le cycle des 7 jours de la semaine constitue un rapprochement entre ces deux cycles cosmiques et sera discuté en conclusion de l’exploration du Temps vécu.

Un rythme à l’échelle très proche de l’alternance jour/nuit mais harmoniquement très lointaine est le rythme des marées, un petit peu plus long que la moitié d’un jour, et l’éloignement harmonique découle directement de la présence d’un astre ayant ses cycles propres : la Lune. De manière enharmonique, cela représente un écart d’un demi-ton, entre l’alternance jour/nuit et les marées, porteur d’une grande tension à l’oreille et manifestant la différence de ces deux influences ; ou l’intervalle de septième, entre les marées et le jour, mystérieux et dissonant, appelant une résolution. Ce qui se joue derrière ce phénomène est la danse de la Terre avec la Lune, et son action sur les fluides, et en particulier l’Eau, élément essentiel au vivant, d’où sa forte influence sur la vie marine, et même végétale selon l’anthroposophie de Steiner. Cependant, son influence sur nos vies d’individus, sans être marin, reste mal connue et éclipsée par l’intensité de cette tonalité voisine et la dissonance de leur relation.

L’action la plus puissante de l’alternance jour/nuit sur notre vie passe sans aucun doute par notre sommeil, ce creux de nos cycles de conscience dont on a déjà tant discuté. On s’en rend compte lors des « décalages horaires », dus aux voyages (et témoignant du lien profond du temps découlant de l’enchaînement des jours avec l’espace et notamment la position sur la Terre, en ce sens le temps vécu est relativiste au sens physique !), ou dus aux ajustements saisonniers du temps en société, discutés plus loin. Le temps de sommeil se situe vers la troisième harmonique, le tiers du jour (8h) jusqu’à la quatrième pour les petits dormeurs, mais sa nature harmonique est plus complexe comme nous allons l’entrevoir.

Les longues heures de sommeil comprennent très peu de vécu en comparaison avec les heures d’éveil, un peu à travers les rêves, et autrement ce n’est souvent que de l’inconfort ou de l’insomnie, c’est-à-dire de l’absence de sommeil. Cela génère métaphoriquement, je pense, l’idée de conscient et d’inconscient en psychanalyse, même s’ils sont considérés simultanés dans ce contexte. Et pour continuer sur l’idée de psyché, celle-ci est en contact dès sa naissance, chez le foetus, le nouveau né ou l’enfant, avec un environnement rythmé, en particulier par l’activité des parents, qui, pour reprendre les mots de Cécilia, ont passés une trentaine d’année de leur vie à se stabiliser en société avant de pouvoir accueillir l’enfant. Très naturellement, le bébé synchronise ses cycles d’éveil et de sommeil sur une harmonique du jour, 1/6 ou 1/7 du jour, période réputé difficile pour les parents qui vibrent à l’échelle du jour. En grandissant, les acquis de l’enfant le mène vers une nuit de sommeil plus longue et une sieste ou deux la journée, mais ceci reste très rythmé jusqu’à la fin de transition sur le cycle des jours, la « tonalité principale ». Même arrivé à cet équilibre, les amateurs de siestes savent bien que tous les moments ne sont pas adaptés pour dormir un peu, et il s’avère que les « bons moments » ont une nature harmonique, la période la plus fréquente étant le cycle de 1h30, c’est-à-dire 1/16 = (1/2)^4 à exactement 4 octaves du jour, ou également 1h20 : 1/18 = 1/(2*3^2)=(1/2)^3*(2/3)^2 à 2 quintes et 3 octaves du jour (un ton au-dessus du mode précédent). Ces modes harmoniques sont importants car ils se perpétuent dans notre sommeil chaque nuit et en modèlent les différentes phases, et éclaire un peu ce que se passe quand on se sens déphasé et fatigué au réveil. Mais avant d’en parler plus avant sous un angle métabolique, passons de cette nécessité de se reposer à celle, tout aussi primaire, de se nourrir.

Sous un angle temporel, le sommeil est prioritaire sur la faim : on dit bien « qui dort dîne », ainsi les repas sont confinés à notre période d’activité. De plus, l’organisation de la production et des ressources alimentaires est intégré dans le fonctionnement de la société, et manger devient une décision contrairement à un mode de vie plus primitif (je pense à la survie douce) où se nourrir est un possibilité fluctuante. Après le réveil, le premier repas de la journée arrive rapidement, et l’on peut commencer ses activités humaines avant que la faim ne se fasse sentir 3 à 6 heures plus tard selon le précédent repas. Ici, rien d’harmonique apparemment, mais plusieurs éléments font converger ce rituel de se nourrir vers quelque chose de plus structuré. Premièrement on peut considérer le repas suivi de la période d’activité comme une période à part entière, et il y a nécessairement une période après l’éveil et une avant le sommeil, qui ont eux une nature assez harmonique comme discuté précédemment, on peut parler de conditions de bord (bien connu en science pour quantifier les états possibles d’un système, de nature ondulatoire, par exemple). Ensuite la vie familiale et les acquis culturels y sont pour beaucoup dans la cristallisation d’un rythme de par le rituel communautaire du repas. Cet acquis n’a pas la régularité des cycles du sommeil en pratique, mais reste un processus très claire dans notre esprit. Pour moi, Français, il y a un repas tous les 4 heures, du petit déjeuner à 8h, au repas de midi, puis le goûté de 16h avant le dîner à 20h, et il me sera difficile d’altérer cette conception des repas. Ce rythme est absent chez le nourrisson (aviez vous déjà remarqué l’origine du terme ?), qui cale ses repas simplement entre ses phases de sommeil, au détriment du rythme parentale, qui eux s’efforceront de lui transmettre les rythmiques culturelles en matière de sommeil et d’alimentation.

A propos de Alexandre

Bondour !
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One Response to Exploration harmonique du Temps vécu

  1. Vincent dit :

    Sur l’alternance jour/nuit, j’ai toujours trouvé fascinant que pour la majeure partie des Vertébrés, l’horloge interne circadienne n’est autre que la glande pinéale, autrement appelée « troisième œil », un terme plutôt ancré spirituel mais qui reste logique, puisqu’en un sens c’est là que les phases lumière/obscurité sont repérées.
    Et changeons même de règne : pour beaucoup de plantes, la floraison est induite par la durée du jour. On parle de SDP (Short Day Plant) ou LDP (Long Day Plant). D’ailleurs, cette appellation est une erreur, puisqu’en fait la plante se repère à la durée de la nuit, et non à celle du jour.

    Vivement la suite Alex !

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