La démocratie participative

Démocratie participative

La citoyenneté au service d’une nouvelle démocratie

A. Pourquoi ?

Le besoin de raviver le fonctionnement démocratique de nos sociétés modernes puise tout simplement sa source dans les critiques du système actuel. L’éloignement des élus de la réalité quotidienne, ou la faiblesse des contre-pouvoirs, par exemple, conduisent à un certain cloisonnement des « élites dirigeantes ».     

Mais le principal facteur reste la perte d’intérêt des citoyens pour la politique, la chose publique, et ce pour deux raisons. La première, c’est le cercle vicieux qu’elle engendre -ou dont elle est elle-même une conséquence : plus les citoyens sont passifs, plus les dirigeants agissent seuls. Et plus ces derniers « confisquent » le pouvoir, et transforment la société en une sorte de technocratie, moins les citoyens s’intéresseront à la politique… La seconde, c’est dans l’étymologie du terme qu’elle s’explique : demos, le peuple, et cratos, le pouvoir. Le pouvoir au peuple. Si le peuple s’en décharge, que reste-t-il ? Une « cratie » ? Non, le pouvoir n’est pas une entité autonome, il ne reste jamais délaissé. S’il est abandonné par un groupe, il est récupéré par un autre ; d’où le terme d’oligarchie, qu’on entend de plus en plus souvent aujourd’hui.

Les critiques ne s’arrêtent pas là, mais je vous renvoie là aux liens (en bas de page), notamment Sommes-nous en démocratie, qui complèteront les pistes abordées ici.

B. Principes de la Démocratie participative

La démocratie participative doit faire la part belle aux initiatives citoyennes, notamment sur le plan législatif. Leur implication accrue ne se limiterait pas à une hausse des fréquences de votes : un système dit de « concertation dynamique » devra voir le jour. En clair, des débats, à toutes les échelles, sur des problématiques aussi bien locales que nationales. Cette importance accrue accordée à l’échange exigera des citoyens éclairés*, sans doute épaulés par des associations (dont le rôle sera plus que jamais indispensable).

Le principe fondamental de la démocratie participative est donc on ne peut plus clair : la participation des citoyens à l’organisation de la vie publique (c’est-à-dire à la politique).

C. Risques et dérives

La notion de démocratie participative n’est pas exempte de toute critique non plus. Lors des débats, assurer une représentativité maximale des citoyens, ou reconnaître, dans les avis exprimés, la défense non déclarée d’intérêts personnels, présentera quelques difficultés. De même, à petite échelle, il sera malaisé de vérifier systématiquement la véracité des arguments (chiffres, etc). Mais comme vous n’aurez pas manqué de le remarqué, ces réserves peuvent tout aussi bien être tenues à l’égard de la démocratie représentative actuelle. La différence, c’est qu’aujourd’hui le pouvoir ne s’exerce pas par le peuple, et certainement même pas pour le peuple, un non-sens qui, sans être complètement supprimé dans la démocratie participative, sera tout du moins fortement atténué. Les comités consultatifs, qu’on voit fleurir aujourd’hui, sans doute pour donner une « bonne conscience démocratique » aux décideurs, devront laisser leur place à des conseils participatifs, où chaque acteur du projet aura réellement son mot à dire.

D. Vers la démocratie directe

Pour Jean-Jacques Rousseau, la démocratie ne peut qu’être directe. C’est sa forme première, où le peuple exerce directement le pouvoir. Pour bien comprendre, il faut voir la démocratie participative comme un intermédiaire : elle mélange démocratie directe, en impliquant tous les citoyens au niveau local, et démocratie représentative, les projets étant validés par des institutions davantage centralisées (à l’image d’un parlement ou d’un sénat). La démocratie directe supprimerait donc cette dernière réminiscence de représentativité, où le citoyen délègue -se déleste- de son pouvoir.

Une objection qu’on oppose souvent à cette vision est qu’elle est fort attrayante, mais qu’elle n’est applicable que dans « de petits pays, avec peu d’habitants, et à la structure sociale homogène ». Ceci n’est plus du tout un problème dans un contexte entièrement décentralisé (nous y reviendrons à l’avenir, cette notion de décentralisation étant intimement liée au concept d’anarchie).

On pourra encore noter que dans le secteur économique, l’autogestion, dont on entend de plus en plus parler (jusqu’au journal de TF1 !), est une application de la démocratie directe : les salariés sont chacun « propriétaires » de l’entreprise, et participent tous aux prises de décisions. Voir à ce sujet l’extrait du documentaire de Micheal Moore Capitalism : a love story, proposé par Alexandre.

E. Exemple concret

Si la démocratie directe est encore un objectif bien lointain, la démocratie représentative est elle tout à fait envisageable. L’exemple de Porto Alegre et de son budget participatif est pour cela des plus intéressants, montrant à la fois les points positifs d’un tel système, mais aussi comme il peut finir par être instrumentalisé par la classe politique. C’est aujourd’hui 15 300 communes sur tous les continents qui ont adopté ce fonctionnement.                                                                                                                                                                                                 Pour les plus intéressés, je les invite à lire l’article en question, dans le supplément du mois d’Octobre 2011 du Monde diplomatique.

N’hésitez pas à réagir et à prolonger le débat sur le forum !

Vincent

* : nous n'entendons pas par "éclairés" des citoyens cultivés, à la connaissance étendue et infaillible, mais simplement des citoyens 
dont l'intérêt pour la communauté est suffisamment évolué pour s'intéresser au fonctionnement du système, aux thèmes débattus, aux 
conclusions tirées de ces discussions, etc.
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